David Holmgren et les animaux non-humains
David Holmgren est un homme né en 1955. Il est connu pour être le co-créateur du concept de permaculture (avec Bill Mollison).
Compétition entre les humains et les animaux non-humains
Il a exprimé l'idée que l'humain a intérêt à organiser la nature en sa faveur et occuper toutes les niches, car sinon d'autres espèces en profiteraient potentiellement au détriment de l'humain. Il en arrive donc à la conclusion que l'ensemble des humains n'a pas intérêt (pour lui-même) à avoir un mode de vie végan. En conséquence il n'est pas en soi contre le véganisme, cependant il suppose qu'il vaudrait mieux pour l'humain que ce soit pratiqué par seulement une partie de la population ou personne.
Il prétend que dans un espace significatif occupé par des humains uniquement végans, les animaux non-humains proliféraient au détriment des humains (matériellement du moins puisqu'il n'insinue point qu'il pourrait en être moralement différent), ce qui peut être perçu (potentiellement d'une manière simplificatrice) comme une projection idéologique de la compétition. C'est potentiellement fondé, mais peut-être pas, et on peut vraisemblablement émettre l'opinion que ce n'est pas une pensée unilatérale de la part de Holmgren, car il met en avant la puissance de la symbiose entre les espèces et leurs complémentarités.
Il serait par exemple possible d'opposer des arguments mis en avant par Pierre Kropotkine dans son livre "L'entraide, un facteur de l'évolution" (dont la version originale s'appelle "Mutual Aid: A Factor of Evolution" et a été publiée en 1902). David Holmgren le connait et l'a vraisemblablement lu, puisqu'il cite positivement cette œuvre. De la partie "L'entraide parmi les animaux" du livre cité, on peut par exemple utiliser les citations suivantes :
Si les chevaux et les bestiaux ont pu se multiplier si rapidement en Amérique, cela prouve simplement que, malgré le grand nombre des bisons et des autres ruminants qu'il y avait autrefois dans le Nouveau-Monde, la population herbivore était encore au-dessous de ce que les prairies auraient pu nourrir. Si des millions de nouveaux venus ont trouvé une nourriture abondante, sans pour cela affamer la population primitive des prairies, nous devons plutôt en conclure que les Européens trouvèrent les herbivores en trop petit et non en trop grand nombre
le nombre des animaux dans une région donnée est déterminé, non par la plus grande somme de nourriture que peut fournir cette région, mais au contraire par le produit des années les plus mauvaises.
nous pouvons dire avec certitude que leur nombre [le nombre d'herbivores] n'est pas limité par la compétition, qu'à aucune époque de l'année ils n'ont à lutter les uns contre les autres pour la nourriture, et que s'ils restent bien loin de la surpopulation, c'est le climat et non la compétition qui en est cause
L'importance des obstacles naturels à la surpopulation et la façon dont ces obstacles infirment l'hypothèse de la compétition vitale, nous semblent n'avoir jamais été pris en considération suffisante. […] si nous considérons les effets de la compétition et les effets des réductions naturelles, nous devons reconnaître tout de suite que ceux-ci sont de beaucoup les plus importants
Des myriades de fourmis sont ainsi détruites au milieu d'une riche nature qui pourrait en nourrir cent fois plus qu'il n'y en a actuellement. Le Dr Altum […] relate aussi beaucoup de faits montrant l'immense importance des obstacles naturels.
Exploitation d'animaux non-humains comme fournisseurs de services
Comme tout personne (réellement) permacultrice, David Holmgren envisage un monde sans énergie fossile (pétrole, charbon, gaz, nucléaire) et sans ou avec peu d'électricité. Dans un tel contexte, il n'est pas possible de s'organiser comme dans le capitalisme hyper-industriel de la deuxième moitié du 20ème siècle et du début du 21ème siècle. Il fait en sorte que son mode de vie soit soutenable sur le long terme, sans pour autant être dogmatique, mais en faisant en sorte de sur-valoriser (par rapport au système dominant de valeur de l'époque) ce qui lui parait non soutenable.
L'usage courant d'un tracteur motorisé, de pesticides et d'engrais chimiques ne font pas par exemple partie de ce qu'il juge soutenable. Il s'impose donc de faire sans ce qui lui semble non-soutenable, à part potentiellement en de rares occasions (notamment à la création d'un nouveau lieu). Les fonctions remplis par des produits du système industriel doivent donc être remplis par des solutions biologiques et locales.
Il envisage les animaux non-humains comme de potentielles solutions. Il prône par exemple de se servir des cochons ou des poules pour préparer le sol avant de planter. Pour labourer et transporter, il vante la domestication du cheval. Pour la prospérité de l'humanité sur le long terme (c'est-à-dire au-delà du 21ème siècle), il encourage à l'exploitation des animaux non-humains en tant que fournisseurs de service pour remplir de multiples fonctions.
Il préconise donc que les animaux soient élevés en plein air. Comme on peut le deviner, il est contre l'élevage industriel. Son exploitation des animaux non-humains relève donc d'une volonté qui se veut pragmatique et qui engendre bien moins de souffrance qu'une exploitation industrielle.
Articles
L'essence de la permaculture
Il est présenté comme étant un résumé des concepts et principes de la permaculture selon David Holmgren. Ils sont tirés du livre "Permaculture - Principes et pistes d'action pour un mode de vie soutenable". La traduction de ce résumé de l'anglais vers le français a été faite par l'association "Au Petit Colibri". Il est publiquement et gratuitement disponible au format informatique PDF.
Principe 5 : utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
Les services renouvelables sont ceux fournis par les plantes, les animaux, la vie du sol et l'eau
Les systèmes permaculturels se servent classiquement des cochons ou des poules pour préparer le sol avant de planter
on peut utiliser les animaux de façon sophistiquée pour remplir de multiples fonctions.
Il n'y a pas de meilleur exemple, dans l'histoire de la prospérité humaine obtenue par l'utilisation durable des services de la nature, que la domestication du cheval et des autres animaux et leur emploi pour le transport, le labour et une multitude d'autres activités demandant de l'énergie.
Les étroites relations développées avec les animaux domestiques, comme le cheval, favorisent aussi un contexte empathique pour étendre nos préoccupations éthiques et y inclure la nature.
Principe 8 : intégrer plutôt que séparer
En agençant correctement les plantes, les animaux, les baissières (swales), les bassins et les autres infrastructures, on peut atteindre un haut niveau d'intégration et d'autorégulation
on peut facilement prélever la litière là où la volaille gratte sous une forêt fourragère pour l'amener à des jardins en contrebas.
Principe 9 : utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience
Le surpâturage est une des causes prépondérantes de la dégradation des sols, alors que des troupeaux plus modestes et bien gérés sont bénéfiques, voire essentiels, à l'agriculture durable.
Actualités
Actualités en anglais
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The Ethics and Principles of Permaculture
(le 6 et 7 aout 1994,
transcript d'un cours à Tir Penrhos Isaf
par Chris Dixon
depuis un enregistrement fait par George Blair)
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David told a story of arguing with vegan caterers on one of his courses, about eggs. To David the quantities were significant; only a few home produced eggs were to be cooked whereas if it had involved loads of eggs with consequent factory farms to produce them, it would not be permaculture.
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For example, sustainable settlements may be able to support a 10% vegan poulation. If it was 100% we'd have a very miserable existence and spend all our time killing animals because inevitably everything we grow is food for animals. Unless we are diverse enough to be making use of those animals we will find ourselves fighting a plague of animals. Just because something is a good idea, it is not necessarily true that its a good idea for everyone to do it. Complimentarity is necessary because otherwise you are not occupying all the niches and something else will occupy them.
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