Friedrich Engels et les animaux non-humains
Friedrich Engels est né en 1829 à Barmen et mort en 1895 à Londres. C'est un philosophe et théoricien socialiste et communiste. Il fut un grand ami de Karl Marx. Il a co-écrit avec lui et a fini d'écrire ce qu'il n'a pas eu le temps de finir. Certains prétendent qu'il aurait déformé la pensée de Marx, tandis que d'autres l'incorporent pleinement dans le marxisme.
Friedrich Engels n'a fort probablement jamais été végétarien.
L'idéologie allemande
"L'idéologie allemande" est un écrit par Karl Marx et Friedrich Engels. Ils le redigèrent en 1845 et 1846. À l'époque, aucun éditeur n'avait été trouvé. La première publication a finalement eu lieu en 1932, alors qu'ils étaient tous les deux morts depuis plusieurs décennies. On y retrouve des pensées sur l'humain et les animaux non-humains.
Feuerbach
L'idéologie en général et en particulier l'idéologie allemande
Le premier acte historique de ces individus, par lequel ils se distinguent des animaux, n'est pas qu'ils pensent, mais qu'ils se mettent à produire leurs moyens d'existence.
On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l'on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens d'existence
L'animal "n'est en rapport" avec rien, ne connaît somme toute aucun rapport. Pour l'animal, ses rapports avec les autres n'existent pas en tant que rapports.
Écrits en rapport avec les animaux non-humains
Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme
Dans ce texte daté de 1876 et édité après sa mort, Friedrich Engels écrit abondamment sur les animaux. Les extraits suivants ne sont pas exhaustifs.
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Il [le travail] est la condition fondamentale première de toute vie humaine, et il l'est à un point tel que, dans un certain sens, il nous faut dire : le travail a créé l'homme lui même.
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Mais c'est ici précisément qu'apparaît toute la différence entre la main non développée du singe même le plus semblable à l'homme et la main de l'homme hautement perfectionnée par le travail de milliers de siècles. Le nombre et la disposition générale des os et des muscles sont les mêmes chez l'un et chez l'autre ; mais la main du sauvage le plus inférieur peut exécuter des centaines d'opérations qu'aucune main de singe ne peut imiter. Aucune main de singe n'a jamais fabriqué le couteau de pierre le plus grossier.
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Les sauvages les plus inférieurs, même ceux chez lesquels on peut supposer une rechute à un état assez proche de l'animal, accompagnée de régression physique, sont à un niveau bien plus élevé encore que ces créatures de transition.
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la chasse et la pêche supposent le passage de l'alimentation purement végétarienne à la consommation simultanée de la viande, et nous avons à nouveau ici un pas essentiel vers la transformation en homme. L'alimentation carnée contenait, presque toutes prêtes, les substances essentielles dont le corps a besoin pour son métabolisme ; en même temps que la digestion, elle raccourcissait dans le corps la durée des autres processus végétatifs, correspondant au processus de la vie des plantes, et gagnait ainsi plus de temps, plus de matière et plus d'appétit pour la manifestation de la vie animale au sens propre. Et plus l'homme en formation s'éloignait de la plante, plus il s'élevait aussi au dessus de l'animal. De même que l'accoutumance à la nourriture végétale à côté de la viande a fait des chats et des chiens sauvages les serviteurs de l'homme, de même l'accoutumance à la nourriture carnée à côté de l'alimentation végétale a essentiellement contribue à donner à l'homme en formation la force physique et l'indépendance. Mais la chose la plus essentielle a été l'action de la nourriture carnée sur le cerveau, qui recevait en quantités bien plus abondantes qu'avant les éléments nécessaires à sa nourriture et à son développement et qui, par suite, a pu se développer plus rapidement et plus parfaitement de génération en génération. N'en déplaise à MM. Les végétariens, l'homme n'est pas devenu l'homme sans régime carné, et même si le régime carné a conduit à telle ou telle période, chez tous les peuples que nous connaissons, au cannibalisme (les ancêtres des Berlinois, les Wélétabes ou Wilzes, mangeaient encore leurs parents au 10ème siècle), cela ne nous fait plus rien aujourd'hui.
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De même que l'homme apprit à manger tout ce qui était comestible, de même il apprit à vivre sous tous les climats. Il se répandit par toute la terre habitable, lui, le seul animal qui était en état de le faire par lui même. Les autres animaux, qui se sont acclimatés partout, ne l'ont pas appris par eux mêmes, mais seulement en suivant l'homme : ce sont les animaux domestiques et la vermine. Et le passage de la chaleur égale du climat de leur patrie primitive à des régions plus froides, où l'année se partageait en hiver et en été, créa de nouveaux besoins : des logements et des vêtements pour se protéger du froid et de l'humidité, de nouvelles branches de travail et, de là, de nouvelles activités, qui éloignèrent de plus en plus l'homme de l'animal.
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Bref, l'animal utilise seulement la nature extérieure et provoque en elle des modifications par sa seule présence ; par les changements qu'il y apporte, l'homme l'amène à servir à ses fins, il la domine. Et c'est en cela que consiste la dernière différence essentielle entre l'homme et le reste des animaux, et cette différence, c'est encore une fois au travail que l'homme la doit.
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Les animaux aussi ont une histoire, celle de leur descendance et de leur développement progressif jusqu'à leur état actuel. Mais cette histoire, ils ne la font pas, et dans la mesure où ils y participent, c'est sans qu'ils le sachent ni le veuillent. Au rebours, plus les hommes s'éloignent des animaux au sens étroit du mot, plus ils font eux mêmes, consciemment, leur histoire
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Darwin ne savait pas quelle âpre satire de l'humanité, et spécialement de ses concitoyens il écrivait quand il démontrait que la libre concurrence, la lutte pour la vie, célébrée par les économistes comme la plus haute conquête de l'histoire, est l'état normal du règne animal. Seule une organisation consciente de la production sociale, dans laquelle production et répartition sont planifiées peut élever les hommes au-dessus du reste du monde animal
Marx écologiste
En 2011, les éditions Amsterdam publie "Marx écologiste" de John Bellamy Foster. L'ouvrage est composé de 4 articles extraits de "The Ecological Revolution: Making Peace with the Planet" publié en 2009 chez Monthly Review Press. Bien que ce ne soit pas le sujet, quoi que ce soit lié, on y retrouve des pensées de Karl Marx et Friedrich Engels sur les animaux non-humains.
On peut notamment y relever l'extrait suivant :
Sous l'influence de [Charles] Darwin,
Marx et Engels rejetaient la conception millénaire
selon laquelle les êtres humains
seraient au centre de l'univers naturel.
Engels avait un
C'est à la page 65, dans le milieu de
"La théorie marxienne de la rupture métabolique,
ou les fondations classiques de la sociologie environnementale",
publié pour la première fois en langue anglaise
dans le second numéro du volume 105
de The American Journal of Sociology
en septembre 1999 dans les pages 366 à 405.
Comme source, il y a la note 82, et celle-ci nous indique
"Selected Correspondance"
de Karl Marx et Friedrich Engels,
édité en 1975 à Moscou (en Russie)
chez Progress Publishers.
mépris radical pour l'exaltation idéaliste de l'homme
comme supérieur aux animaux [non-humains]
Actualités
- Le 27 aout 2010, "Servir Le Peuple : le blog des Nouveaux Partisans" a publié "Quand Engels exécutait le véganisme…".
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Le 12 avril 2013,
Marianne Celka
publie une longue thèse nommée
"L'Animalisme : enquête sociologique sur une idéologie et une pratique contemporaines des relations homme / animal",
qui est disponible sur l'archive ouverte HAL.
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Le phénomène animaliste est soutenu par un ensemble de superstructures (au sens de Karl Marx et Friedrich Engels, c'est-à-dire au niveau de la pensée, de l'idéal et non du matériel), parmi lesquelles un langage particulier.
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