Karl Marx et les animaux non-humains
Karl Marx est né en 1818 en Rhénanie et mort en 1883 à Londres. C'est un penseur majeur du 19ème siècle. Il s'intéressera notamment à la philosophe, la sociologie et l'économie. Politiquement il est en faveur du communisme. Il propose une critique du capitalisme qu'il présente comme scientifique et qui a pour vocation d'aller aux fondements. Dans sa réflexion, et plus globalement dans sa vie, Friedrich Engels fut pour lui un précieux soutien. Pour aller plus loin, on peut proposer de lire le livre "Introduction à Marx" de Pascal Combemale chez La Découverte.
Karl Marx n'a fort probablement jamais été végétarien. Les animaux non-humains semblent pour lui être avant tout être des objets d'étude et des forces de travail. En effet, il ne s'est pas intéressé aux animaux non-humains en tant qu'êtres doués de sensibilité et de capacité de souffir. De plus, il met une frontière relativement forte entre l'humain et les autres animaux, mais sans pour autant faire une séparation absolument nette. En revanche, il est clair qu'il s'intéresse à la condition humaine et qu'il en souhaite une modification radicale en faveur de la majorité, bien qu'on puisse ou pas avoir un ou des différents avec ce qu'il a proposé pour y parvenir (lutte des classes par le prolétariat, expropriation de la bourgeoisie, collectivisation, etc.).
Écrits en rapport avec les animaux non-humains
Manuscrits de 1844
Premier manuscrit
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Mais l'économie politique ne connaît l'ouvrier que comme bête de travail, comme un animal réduit aux besoins vitaux les plus stricts.
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On en vient donc à ce résultat que l'homme (l'ouvrier) ne se sent plus librement actif que dans ses fonctions animales, manger, boire et procréer, tout au plus encore dans l'habitation, qu'animal. Le bestial devient l'humain et l'humain devient le bestial. Manger, boire et procréer, etc., sont certes aussi des fonctions authentiquement humaines. Mais, séparées abstraitement du reste du champ des activités humaines et devenues ainsi la fin dernière et unique, elles sont bestiales.
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L'animal s'identifie directement avec son activité vitale. Il ne se distingue pas d'elle. Il est cette activité. L'homme fait de son activité vitale elle-même l'objet de sa volonté et de sa conscience. Il a une activité vitale consciente. Ce n'est pas une détermination avec laquelle il se confond directement. L'activité vitale consciente distingue directement l'homme de l'activité vitale de l'animal.
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l'animal aussi produit. Il se construit un nid, des habitations, comme l'abeille, le castor, la fourmi, etc. Mais il produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré ; l'animal ne se produit que lui-même, tandis que l'homme reproduit toute la nature ; le produit de l'animal fait directement partie de son corps physique, tandis que l'homme affronte librement son produit. L'animal ne façonne qu'à la mesure et selon les besoins de l'espèce à laquelle il appartient, tandis que l'homme sait produire à la mesure de toute espèce et sait appliquer partout à l'objet sa nature inhérente ; l'homme façonne donc aussi d'après les lois de la beauté.
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tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non-organique, la nature, lui est dérobé.
Manifeste du parti communiste / Manifeste communiste
Le "Manifeste du parti communiste" a été publié pour la première fois en 1848. Il était écrit en allemand. Il sera republié en 1872 en étant cette fois nommé "Manifeste communiste" Karl Marx l'a co-écrit avec Friedrich Engels, en tout cas il en est officiellement co-auteur. Il est fait mention des animaux, ou plutôt des gens les protégeant ou cherchant à le faire, et ce n'est pas pour les encencer, au contraire. L'extrait suivant est issu de la partie 3 intitulée "Littérature socialiste et communiste" et plus précisément de sa sous-partie 2 nommée "Le socialisme conservateur ou bourgeois".
Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux maux sociaux dans le but d'assurer l'existence de la société bourgeoise. Dans cette catégorie se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les améliorateurs du sort de la classe ouvrière, les organisateurs de bienfaisance, les protecteurs des animaux, les fondateurs des sociétés de tempérance, les réformateurs en chambre de tout acabit. […] Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les dangers et les luttes qui en dérivent fatalement.
L'idéologie allemande
"L'idéologie allemande" est un écrit par Karl Marx et Friedrich Engels. Ils le redigèrent en 1845 et 1846. À l'époque, aucun éditeur n'avait été trouvé. La première publication a finalement eu lieu en 1932, alors qu'ils étaient tous les deux morts depuis plusieurs décennies. On y retrouve des pensées sur l'humain et les animaux non-humains.
Feuerbach
L'idéologie en général et en particulier l'idéologie allemande
Le premier acte historique de ces individus, par lequel ils se distinguent des animaux, n'est pas qu'ils pensent, mais qu'ils se mettent à produire leurs moyens d'existence.
On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion et par tout ce que l'on voudra. Eux-mêmes commencent à se distinguer des animaux dès qu'ils commencent à produire leurs moyens d'existence
L'animal "n'est en rapport" avec rien, ne connaît somme toute aucun rapport. Pour l'animal, ses rapports avec les autres n'existent pas en tant que rapports.
Le Capital, livre 1
"Le Capital" est l'oeuvre majeure de Karl Marx. Le livre 1 sera le seul qu'il finira d'écrire de son vivant. Il a été publié en 1867 en allemand. La première traduction en français a été publiée en 1872.
Chapitre 7 : Production de valeurs d'usage et production de la plus-value
Sous-chapitre 1 : Production de valeurs d'usage
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Notre point de départ, c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.
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À côté des coquillages, des pierres, des bois et des os façonnés, on voit figurer au premier rang parmi les moyens de travail primitifs l'animal dompté et apprivoisé, c'est-à-dire déjà modifié par le travail. L'emploi et la création de moyens de travail, quoiqu'ils se trouvent en germe chez quelques espèces animales, caractérisent éminemment le travail humain. Aussi Franklin donne-t-il cette définition de l'homme : l'homme est un animal fabricateur d'outils,
a toolmaking animal
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Chapitre 16 : Plus-value absolue et plus-value relative
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Les facultés de l'homme primitif, encore en germe, et comme ensevelies sous sa croûte animale
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grâce à de rudes labeurs, les hommes sont parvenus à s'élever au-dessus de leur premier état animal, que par conséquent leur travail est déjà dans une certaine mesure socialisé
Marx écologiste
En 2011, les éditions Amsterdam publie "Marx écologiste" de John Bellamy Foster. L'ouvrage est composé de 4 articles extraits de "The Ecological Revolution: Making Peace with the Planet" publié en 2009 chez Monthly Review Press. Bien que ce ne soit pas le sujet, quoi que ce soit lié, on y retrouve des pensées de Karl Marx et Friedrich Engels sur les animaux non-humains.
Il y a notamment celle qui suit, attribuée à Karl Marx
et à priori inattendue chez lui par sa fin :
[il] est intolérable que toutes les créatures
aient été transformées en propriétés :
les poissons dans l'eau,
les oiseaux dans l'air,
les plantes dans la terre…
Toutes les choses vivantes doivent également se libérer.
On trouve ça à la page 93 et la source est la note 3.
D'une façon littéraire et non numérique, c'est au début de
"Capitalisme et écologie : la nature d'une contradiction",
publié pour la première fois en langue anglaise en 2002
dans le volume et numéro 54
de Monthly Review Press.
Actualités
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Le 12 avril 2013,
Marianne Celka
publie une longue thèse nommée
"L'Animalisme : enquête sociologique sur une idéologie et une pratique contemporaines des relations homme / animal",
qui est disponible sur l'archive ouverte HAL.
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Le phénomène animaliste est soutenu par un ensemble de superstructures (au sens de Karl Marx et Friedrich Engels, c'est-à-dire au niveau de la pensée, de l'idéal et non du matériel), parmi lesquelles un langage particulier.
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- Le 24 février 2016, Christiane Bailey publie sur Internet son article intitulé "Le capitalisme, les animaux et la nature chez Marx". Il fait parti, et est donc extrait, de "Capitalisme, propriété et solidarité" publié en 2016 à Montréal par Marc-Kevin Daoust dans le cadre des Cahiers d'Ithaquew.