Shoah

Historiquement

Qu'est-ce que ça a été ?

La Shoah désigne historiquement l'extermination systémique et industrielle des juifs, des Tziganes, des handicapés mentaux et des homosexuels par le régime nazi de 1941 à 1945. Cela se fait au nom de la pureté de la race allemande, d'où le meurtre en bande organisée d'humains jugés relevant d'une race inférieure.

La soi-disant purification raciale prônée par cette idéologie a, dans sa mise en eouvre pratique par les nazis, conduit à tuer sciemment environ 6 millions d'humains. Pour les juifs/juives, de loin les plus impacté·e·s, en terme de proportion, cela représente environ 2/3 à l'échelle de l'Europe et 2/5 à l'échelle planétaire. C'est donc tout à fait significatif. Du coup, cela a laissé une profonde trace, à fortiori pour la communauté juive.

L'après

Une fois le régime nazi défait en 1945, la communauté humaine internationale a vivement condamné la Shoah, notamment via le procès de Nuremberg. C'était monstrueux. Cette condamnation permet de se mettre du côté du Bien, donc de ne pas trop réfléchir les causes et aussi de se dire qu'on en est pas.

La communauté juive a connu une bouffé d'air salvatrice. De plus, elle a pu enfin connaitre l'ampleur et les conditions exactes de l'atrocité qu'elle a subi. La remise en cause de la Shoah et sa minimisation lui sont alors légitiment devenus intolérable. Un affect puissant et durable avait fini de se former et de se crystaliser.

La Shoah ?

Il y a incontestablement une Shoah historique. C'est de là qu'est apparu le mot, qui signifie catastrophe, anéantissement. Ce pourquoi ce terme est devenu connu a marqué l'histoire humaine. Le terme y renvoie donc sans discussion possible.

Mais qu'un terme ait atteint un haut niveau de cristallisation autour d'un contenu particulier n'empêche pas qu'il puisse éventuellement désigner potentiellement aussi autre chose. Tout en renvoyant fortement à ce qui en a fait sa popularité si on peut dire, il est possible de le généraliser, d'en avoir une seconde approche qui n'ait pas son ancrage historique nazi.

Dans cet optique de généralisation, que l'affect produit produit par la Shoah envisagé sous le prisme nazi peut amener à écarter avec virulence, la Shoah ne devrait plus s'appliquer exclusivement aux cibles précises du régime nazi. Elle devrait reprendre une ou plusieurs des caractéristiques qui a ou ont conduit à la désignation à l'extermination par le régime nazi de celleux qu'il a pris pour cible et en même temps exclure une ou plusieurs autres caractéristques, afin évidemment de ne pas retomber sur la même chose.

Un des arguments centraux de justification par le régime nazi de la Shoah des juifs, des Tziganes et des handicapé·e·s mentaux était que ces individus seraient inférieurs et que ce faisant il serait légitime de les exterminer. Par là, on pourrait en tirer une généralisation capacitiste de la Shoah. En tant que généralisation, elle ne pourrait en aucun résumer la Shoah nazie. Elle ne comprend par exemple pas la finalité d'avoir à la fin une civilisation humaine qui serait supérieure. On peut en effet très bien exploiter et tuer d'autres êtres en l'absence de nécessité impérieuse sans pour autant vouloir faire un nettoyage dans celle-ci, on peut d'ailleurs même vouloir que cette extermination soit durable / éternelle.

On peut aussi envisager d'aller plus loin dans la généralisation. Les nazi·e·s ont pris les populations et les ont tués d'une manière industrielle. La Shoah ne consiste pas en une guerre entre 2 camps qui se battent et s'entre-tuent. Il y a certes eu des actes de résistance une fois que les gens étaient dans le circuit macabre, mais les victimes des nazi·e·s n'avaient pas grand chose pour résister. Après cette différentiation avec la guerre qui est devenue industrielle avec l'industrialisation, on peut différencier la généralisation présente avec celle précédemment envisagée. Elle avait elle une justification, le capacitisme (réel ou supposé), mais, dans une généralisation de la Shoah (qui est donc nécessairement plus large), on peut envisager d'évacuer cette caractéristique.

En tout cas, si on prêt·e à généraliser la Shoah, on se retrouvera forcément avec la Shoah (nazie) et une ou plusieurs autres shoahs, voire avec juste des shoahs si on est prêt à mener bataille pour un noyage de celle nazie avec la ou les autres que le concept issu de la généralisation comprendrait. Mais à ce propos, il n'y a à priori qu'un seul sérieux candidat à la généralisation (en tout cas jusqu'à octobre 2023 compris et espérons qu'il en restera ainsi pour toujours) et c'est ce qui est fait par l'humain à nombre d'animaux non-humains (ou zoonimaux).