Anonymous for the Voiceless et les animaux non-humains

Anonymous for the Voiceless (AV), littéralement des anonymes pour les sans-voix, est une organisation, et de fait aussi une méthode, dont le sujet est ce que l'humain fait et ne devrait pas faire aux zoonimaux / animaux non-humains. Du point de vue idéelle, il est prôné d'en finir avec le suprémacisme humain et du coup logiquement de transitionier au zoovéganisme. La méthode consiste, pour l'essentiel, a montré dans la rue des vidéos d'exploitation zoonimale, ce via des écrans portés par les militant·e·s, en adoptant parfois une forme carrée (dit Cube of Truth, soit en français cube de la vérité) pour toucher les passant·e·s peu importe d'où qu'illes viennent ou aillent.

Analyse

Anonymat

Masque

Les militant·e·s portent, pour se cacher le visage, un masque de Guy Fawkes. Celui-ci a été popularisé par le film V pour Vendetta qui est l'adaptation d'une bande-dessinée. Cette symbolique avait précédemment été adopté par Anonymous, un mouvement d'action directe par les ordinateurs qui visait généralement à défendre la liberté d'expression et ne se bornant pas par principe au légalisme. Autant de par son origine, que par le film qui en fait une version épurée et enfin par Anonymous qui l'a repris, le masque de Guy Fawkes est un symbole de contestation en faveur d'un authentique libéralisme et d'accès à l'information.

Cela entre en résonnance, d'où la cohérence, avec ce qui est usuellement montré par les militant·e·s via des écrans affichant vidéos. En effet, ce sont des abus au sein de l'exploitation zoonimale. Les gens savaient bien que pour la chair, le cuir et la fourrure, les animaux non-humains étaient tués, et ils savaient aussi qu'on les réifie, qu'on les considère comme des propriétés et donc qu'on peut en faire à peu près ce que l'on veut, mise à mort comprise donc, fut-ce pour des produits dispensables (les gens peuvent ne pas savoir que la viande et le poisson ne sont pas nécessaires aux humains pour vivre en bonne santé à tous les âges de la vie à condition de se complémenter en vitamine B12, mais c'est indéfendable pour le cuir et la fourrure). En revanche, ils pensent généralement que, bien qu'exploités et tués, les animaux non-humains sous notre joug sont bien traités. Mis face à des vidéos de l'exploitation industrielle des animaux non-humains, notamment d'abus en son sein, les voila éclaboussés de la vérité. Ils ont enfin accès à l'information.

Effets de l'anonymat

Effet positif de l'anonymat

Les passant·e·s ne peuvent se concentrer sur les visages humains des militant·e·s. Illes sont donc invité·e·s au contraire à se concentrer sur les vidéos et ce d'une manière intuitive. C'est donc particulièrement efficace pour mener les passant·e·s à se concentrer sur le moyen mobilisé pour la cause, la vidéo étant le levier de sensibilisation dont il est attendu qu'elle produise au final une conversion à la prise en compte réelle des intérêts des animaux non-humains sous notre joug.

Effet négatif de l'anonymat

Le masquage intégral de la tête peut être utilisé à des fins malveillantes et peut donc apparaitre comme anxiogène. Toutefois, cette potentielle première impression est normalement vite cassée par l'aspect statique des militant·e·s et l'écran qui est tenu d'une manière bien visible. Il peut néanmoins rester l'impression qu'illes n'assument pas tout à fait et/ou une fébrilité à aller jusqu'à tenter d'avoir une discussion avec un·e ou des militant·e·s.

Écrans

Les militant·e·s masqué·e·s tiennent à 2 mains des écrans plus ou moins grands. C'est ce qui permet au public de les visionnier aisément, à part évidemment pour les gens ayant de graves problèmes de vue.

Cela engendre un coût, autant matériel que financier. En mutualisant le coût entre les militant·e·s, peut être levé l'aspect barrière que représente le fait de s'équiper d'un écran adapté et d'avoir de quoi l'alimenter (autant d'un point de vue de l'énergie elle-même que de pouvoir la fournir en pleine rue). En revanche, le coût matériel/écologique est nécessairement toujours là, il ne peut qu'être mitigée (usage d'écrans de seconde main, usage d'écrans peu consommateurs, batterie n'exédant de pas trop le temps d'une session et/ou ayant déjà un autre usage moins remplacable, etc.). C'est donc écologiquement criticable.

Vidéos

Les vidéos montrent, au moins le plus souvent, de l'exploitation zoonimale industrielle et/ou des abus au sein de l'exploitation zoonimale. Les passant·e·s sont invité·e·s à condamner ça, et du coup pas autre chose. On peut en effet tout à fait exploiter et tuer les animaux non-humains en ne le faisant pas d'une manière industrielle et le faisant sans geste brusque. L'empathie escomptée avec les vidéos va pour des formes particulières d'exploitation et de mise à mort, non pour l'exploitation et de mise à mort elles-mêmes, qui ne peut être condamnée que par généralisation qui n'a eu le droit à aucun coup de pouce. L'effet produit par les vidéos est la condamnation du mal-être, dû à la manière de traiter les animaux non-humains et non au fait de les traiter tout court. Implicitement peut se dégager qu'il y aurait une manière de bien les traiter, tout en les exploitant et les tuant, ce qui fait que le message perçu est de fait bien-êtriste / welfariste, comme l'a entre autres critiqué Gary Francione.

Pourtant ce n'est pas ça que l'organisation dit vouloir porter. Sur sa devanture, en l'occurrence on s'appuie là sur le site web (en octobre 2023), elle affiche vouloir en finir avec le suprémacisme humain et prône le zoovéganisme. On a donc là le schéma commun d'une prétention à la volonté abolitionniste et des messages à dominante bien-êtriste / welfariste. Encore une fois, on peut recourir au théoricien critique Gary Francione, ou plus exactement au concept qu'il emploie pour ça, le néo-welfarisme, et son ouvrage majeur sur le sujet qu'est Rain without Thunder: The Ideology of the Animal Rights Movement (Temple University Press, 1996).

Actualités