Gratuiganisme

Le gratuiganisme sous ses différentes formes

Le gratuiganisme en tant que mode de vie

Le gratuiganisme est une façon de vivre qui cherche à exclure, autant que faire se peut, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux et ce dans tous les aspects de la vie (nourriture, vêtements, transport, divertissement, etc.), tout en excluant pas les produits animaux gratuits ou seulement une partie d'entre eux et/ou en ne les excluant pas sous une ou plusieurs conditions.

Le gratuiganisme à base anti-capitaliste

Le gratuiganisme peut être une éthique et une pratique, ainsi qu'un mouvement politique, de non-participation, dans la mesure du possible, au consumérisme et plus globalement au capitalisme (ce qui comprend aussi le salariat au sens marxiste et syndical). Ce gratuiganisme là ne s'intéresse pas particulièrement aux animaux non-humains. Il ne retient en effet du véganisme que l'aspect boycott et mouvement politique. Certes, les animaux non-humains peuvent être une des motivations, mais elle n'est pas au coeur de ce gratuiganisme.

Nous n'aborderons ici pas plus ce gratuiganisme. Nos réflexions ci-après ne considèrent donc pas ce gratuiganisme. Ce n'est pas que l'on ne puisse pas avoir d'intérêt pour le gratuiganisme envisagé ainsi, mais c'est juste qu'ici il n'en sera pas plus question.

Gratuiganisme et véganisme

Le mot "gratuiganisme" est une fusion de "gratuit" et "véganisme". Le gratuiganisme a donc un fort lien avec le véganisme. Mais est-ce pour autant du véganisme ? Cela dépend de l'interprétation ou de la portée qu'on confère au véganisme.

Le véganisme cherche à exclure toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux. Assurément récupérer et consommer ou utiliser gratuitement un produit animal (par exemple récupéré d'une poubelle) n'engendre en soi pas de problème vis-à-vis des animaux. En effet, ça ne subventionne pas le fait d'exploiter ou d'être cruel envers le moindre animal. Il est donc possible de considérer que le gratuiganisme est du véganisme.

Mais il est également possible de défendre l'inverse. Le gratuiganisme peut indirectement être favorable à l'exploitation et la cruauté envers les animaux. Quand on voit quelqu'un faire quelque chose, cela peut contribuer à légitimer l'acte et ce qu'il y a derrière, en l'occurrence considérer qu'il serait acceptable de consommer ou utiliser les animaux. Mais même si l'action de gratuité n'est directement constatée par personne, ce qui n'est pas forcément chose facile et certaine, elle peut nuire à l'objectif de non-exploitation et non-cruauté. À l'échelle individuelle, pour la personne pratiquante du gratuiganisme, cela peut contribuer à la perpétuation ou l'instauration/réinstauration de l'idée que le corps et les sous-produits des animaux sont des choses que l'on peut consommer/utiliser, ce qui par après peut donner envie d'en obtenir d'une manière non-gratuite (pour en consommer plus ou parce que l'accès gratuit a diminué ou a disparu). Au niveau de l'économie, le gratuiganisme conduit à avoir moins besoin de consommer des produits animaux venant d'une tierce partie, cela réduit donc la demande en produits non-animaux par rapport à une situation sans pratique du gratuiganisme, donc la part relative de produits non-animaux s'en trouve affaiblie au profit des produits animaux.

Intérêts du gratuiganisme

La potentielle motivation économique

Le fait de consommer gratuitement permet évidement d'économiser de l'argent. Du point de vue des critiques formulables au gratuiganisme, il faut distinguer 2 cas.

On peut éviter de dépenser de l'argent par nécessité. Si on ne peut pas se nourrir à sa faim et nutritionnellement correctement, ou si on ne peut pas se loger, ou si on ne peut pas satisfaire un autre besoin réellement essentiel, il y a alors un besoin impérieux d'économiser l'argent, du moins si on ne peut en l'état pas en avoir plus d'une manière qui serait jugée acceptable. Sous cette condition de nécessité vitale ou quasi-vitale, le gratuiganisme est alors du véganisme, car ce dernier comprend la clause autant que faire se peut.

S'il y a motivation économique au gratuiganisme, mais que c'est pour le principe de ne pas dépenser d'argent ou pour pouvoir s'acheter du dispensable, alors il en est tout autrement, du moins pour les personnes (individuelles et morales) qui critiquent le versant gratuit du gratuiganisme. Économiquement, on peut donc distinguer le gratuiganisme de nécessité (qui ne pose véganement pas de problème) et le gratuiganisme de délectation (qu'on peut juger problématique et même rejeter en adoptant un point de vue véganiste). Ce qui fait que, même en ne considérant que la potentielle motivation économique, il y a des gratuiganismes.

La potentielle motivation écologique

Dans certains cas, il est possible d'obtenir gratuitement un (sous-)produit animal qui serait détruit ou qui se détériorerait trop pour la consommation si on ne s'en emparerait pas. Si on considère les (sous-)produits animaux comme des choses appropriables et consommables/utilisables, alors, dans cette vision, laisser un (sous-)produit animal en proie à la destruction ou la trop grande détérioration relève du gâchis et est donc à éviter.

Critique fondamentale du gratuiganisme non-impérieux

Même si on n'a pas impérieusement besoin de consommer ou d'utiliser un (sous-)produit animal, on peut tout à fait envisager de passer à l'acte. Mais il faut alors être cohérent. Le corps d'un humain ou un bout de corps d'un humain est matériellement aussi une ressource (qui peut servir pour s'alimenter ou alimenter un ou plusieurs autres animaux, qui peut servir pour fertiliser le sol, qui peut servir pour effrayer, etc.), donc ne pas s'en servir (en foutant dans un trou, en brûlant, en balançant à la rivière, etc.) peut être perçu comme relevant de gâchis.

Si, sans prendre en compte la légalité, on est prêt à consommer ou utiliser un (sous-)produit animal non-humain, mais qu'on ne l'est pas pour un (sous-)produit humain (à l'exception du lait de sa mère) ou un (sous-)produit provenant d'un animal non-humain (par exemple son animal non-humain de compagnie) ou de certains animaux non-humains (comme les chiens et les chats), alors on fait de la discrimination.

En ce cas, quel est le fondement de la dite discrimination ? Ne serait-elle pas qu'on considère acceptable d'exploiter ce qui provient d'autrui ? Est-ce bien compatible avec le véganisme, ou plutôt là le zoovéganisme, qui est un changement de perspective, idéel et concret, vis-à-vis des animaux non-humains (ou zoonimaux) ?

Mots connexes

Mots connexes forts

freeganisme
anglicisme pour gratuiganisme (free signifiant entre autres gratuit en anglais)
gratuiganiste
freeganiste
chose ou personne, désignée d'une façon épicène, rapportable au gratuiganisme / freganisme
gratuiganien
chose ou personne, désignée d'une façon masculine, rapportable au gratuiganisme / freganisme
gratuiganienne
chose ou personne, désignée d'une façon féminine, rapportable au gratuiganisme / freganisme

Mots connexes faibles

gratuivorisme
façon de se nourrir privilégiant le gratuit ou exclusivement gratuite
opportunivorisme
façon opportuniste de se nourrir
poubellivorisme
façon de se nourrir privilégiant le contenu d'une ou de poubelles quand ça fournit de la nourriture paraissant viable ou exclusivement via une ou des poubelles quand suffisamment de nourriture à priori viable est accessible par ce biais