Thibaut Giraud / Monsieur Phi et les animaux non-humains
Thibaut Giraud est un homme blanc. Il serait né en 1986 en France. Il a fait des études en philosophie, est devenu professeur en ce domaine, puis s'est dédié à sa vulgarisation en usant notamment d'Internet et en particulier du forme vidéo via YouTube (une ordinato-plateforme privatrice et centralisée appartenant au Big Brother capitaliste Google) en tant que Monsieur Phi. Philosophiquement il s'est dit entre autres proche de Baruch Spinoza. Sociologiquement, et ça va bien ensemble, il aime Pierre Bourdieu. Politiquement il semble fortement être de gauche, toutefois il ne semble pas remettre en cause le capitalisme et ne parle d'ailleurs quasiment pas de Karl Marx ou de Friedrich Engels.
Quoi qu'à priori (en octobre 2022 du moins) n'ait été explicitement dit sur son rapport personnel aux animaux non-humains, il semble clairement approuver l'anti-spécisme et cela devrait normalement l'avoir conduit à être végan. Toutefois, son exposition public de l'anti-spécisme est centrée sur la chair et non l'exploitation et la mise à mort en tant que telles qui elles invitent à penser bien plus largement, donc on peut envisager qu'il ne soit que végétarien. Par ailleurs, en conformité avec sa foi scientifico-technologique, il met beaucoup en avant les simili-carnés, alors qu'ils ne sont aucunement nécessaires au végétalisme et qu'il pourrait par exemple plutôt visibiliser les légumineuses et des cuisines non-centrées sur les produits animaux comme c'est le cas en Occident au moins au début du 21ème siècle (et déjà avant en réalité).
Actualités
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Le 20 juin 2022, est publié
"La meilleure raison de manger vos cerveaux – Une expérience de pensée gastronomique"
sur PeerTube
(et sur l'ordinato-plateforme centralisée et privatrice
YouTube
du Big Brother capitaliste
Google).
On peut en trouver une retranscription sur son site web.
Il y a de quoi trouver que
c'est une très bonne introduction à
l'anti-spécisme,
du moins en ce qui concerne la forme.
Pour ce qui est du fond, on peut plutôt trouver
que c'est "juste" une bonne introduction,
mais sans que ça le soit très.
En effet, elle ne parle explicitement que
de l'exploitation zoonimale pour l'alimentation
et plus spécifiquement sa forme industrielle
et pour un produit nécessitant le meurtre.
Certes, les arguments de fond sont clairement mentionnés,
mais sans plus de réflexion
on peut supposer que ça pousse plus
au végétarisme
qu'au véganisme,
alors qu'il n'y a
que le second qui est la conséquence logique
de l'anti-spécisme.
Par ailleurs, est mis l'accent
sur la capacité à faire des similis
(et plus exactement en l'occurrence
des simili-carnés),
ce qui est inadéquat pour
défendre sérieusement sur le fond l'anti-spécisme,
car ce ne sont éventuellement que des commodités
et qu'il serait écologiquement souhaitable de les éradiquer,
mais aussi parce qu'ils contribuent à la normalité
de l'omnivorisme
du point de vue présentatoire,
culinaire et nutritionnel
(même si pour l'aspect nutritionnel,
nous savons bien que
les similis n'ont pas forcément vocation
à être similaire nutritionnellement,
mais ils poussent à le penser erronément
de par leurs similitudes autres).
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Samy Bounoua a fait des commentaires sur Twitter
(
Une des meilleures défenses de l'antispécisme que j'ai pu voir. Je suis convaincu de la justesse du combat des antispécistes et de la nécessité de revoir complètement nos rapports aux animaux. Quelques remarques cependant…
). Nous en citons une partie ci-après.-
La première concerne le principe de base de l'antispécisme : pour citer @MonsieurPhi, "l'espèce ne devrait pas être un critère pertinent pour la même considération morale d'un même intérêt à ne pas souffrir". Je trouve ce principe assez intuitif, mais certaines de ses implications problématiques. Premièrement, si en effet il n'est pas si coûteux de se passer de viande ou de fourrure, peut-on se passer de l'expérimentation médicale ? Je n'ai pas d'avis sur la question, mais si la réponse est oui, alors il faudrait accepter un net ralentissement des progrès médicaux, et donc l'augmentation de la souffrance humaine (et animale).
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On ne sait pas
comment est hâtivement supposé
que l'arrêt de l'expérimentation
sur les animaux non-humains
impliquerait forcément
un net ralentissement des progrès médicaux
. Mais, pourquoi pas, admettons-le. Accepterions-nous d'expérimenter d'une manière analogue sur des humains (potentiellement après un filtrage : vieillesse, handicap permanent, etc.) au nom de progrès médicaux ? Notons d'ailleurs à ce propos que ce serait bien fiable d'expérimenter sur des sujets humains pour des progrès médicaux sur l'humain que d'expérimenter sur des sujets non-humains pour des progrès médicaux sur l'humain. - On peut remarquer la dichotomie non-darwienne qui est faite entre humanité et animalité. Dans une vision darwienne, l'humanité fait parti de l'animalité et on découperait plutôt entre humanité et zoonimalité.
- D'une certaine manière, il est assez drôle de supposer si vite qu'arrêter l'expérimentation zoonimale conduirait à plus de souffrance zoonimale. On peut tout à fait penser l'inverse. Cette inclinaison est potentiellement due à du spécisme non-volontaire mais trop pressé de se justifier en se réclamant joliment d'autres (à la manière des capitalistes qui sont prêts à prendre de beaux airs pour défoncer les conquis sociaux au nom évidemment des plus démunis et non de leur profit borné et malpropre) et/ou une sur-valorisation par proximité des zoonimaux de compagnie (qui représente bien peu des zoonimaux exploités par l'humain).
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On ne sait pas
comment est hâtivement supposé
que l'arrêt de l'expérimentation
sur les animaux non-humains
impliquerait forcément
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Entre un orang-outan en pleine santé et un nouveau-né, qui faut-il sauver ? Il est clair que l'orang-outan a des capacités physiques et cognitives bien plus développées. On devrait donc sacrifier le nouveau-né.
En quoi serait-ce un critère pertinent ? Pourquoi ne valoriserait t'on pas plutôt la capacité de voler ou de vivre sous l'eau par son propre corps ? En quoi l'un ou l'autre des critères serait plus pertinent ? La réponse spéciste est simple : dans un cas c'est favorable à notre espèce et pas dans l'autre, ce qui s'inscrit dans un anthropo-utilitarisme. C'est une très bonne raison d'intérêt, mais absolument pas de réflexion abstraite (qui, contrairement à ce que les idéalistes sont incliné·e·s à penser, reste le plus souvent lettre morte devant les intérêts, ou plutôt ce qui apparait à tord ou à raison aux individus comme leurs intérêts et ceux-ci à prendre dans une perspective large et donc nécessairement sociale, comme le reconnaissent les matérialistes, comme Pierre Bourdieu et Frédéric Lordon). Pour un développement plus long à ce sujet (non de l'adéquation du matérialisme par rapport à l'idéalisme, mais sur le questionnement autour d'une éventuelle fin de l'expérimentation zoonimale), on peut notamment renvoyer à Gary Francione (en français, il y a à ce propos son introduction aux droits des animaux aux éditions L'Âge d'Homme). -
J'ai un autre désaccord avec les antispécistes [en fait non "les" mais "des"], mais il est moins fondamental, car il ne concerne pas "l'essence" de l'antispécisme : une certaine tendance à la technolâtrie [que l'on retrouve, fut-ce de manière partiellement critique, chez par exemple Pagure Mecha / Tom Bry-Chevalier], qui se manifeste par la défense de la viande de synthèse [et on peut à ce sujet citer Jocelyne Porcher qui a médiatiquement été construite comme une opposante sérieuse à ça sur le plan des idées, et elle est malheureusement reprise d'une manière tristement acritique par entre autres Hélène Tordjman et la tendance espèciste de l'Union Communiste Libertaire qui édite le journal Alternative Libertaire malgré son soi-disant "anti-capitalisme" qui est compatible avec Le Figaro et même Valeurs Actuelles !] et/ou d'un contrôle total de la nature. Sur le papier, la viande de synthèse est "alléchante" : avoir de la viande sans souffrance animale et sans culpabilité morale, qui peut être contre ? En fait, le problème n'est pas la viande de synthèse en soi, mais le "monde" nécessaire à sa production.
Il me semble que ce monde ne peut être autre chose que l'exacerbation de la logique techno-capitaliste actuellement à l'œuvre, et qui est au fondement de notre aliénation universelle : nous ne nous nourrissons plus, mais sommes "alimentés" par un système si complexe que nul n'a prise sur lui. Cela n'a l'air de rien, mais c'est un élément de la réduction de notre autonomie concrète. C'est une dépossession qui participe de notre condition d'"homme diminué".
La logique techno-capitaliste, en s'exacerbant, ne risque pas seulement d'aggraver notre aliénation : elle est aussi particulièrement destructrice de l'environnement. Et jusqu'ici, elle a globalement été incapable de résoudre la crise écologique.
Certes, il vaut mieux produire de la viande de synthèse que conserver notre effrayant et sordide système d'élevage. Mais, je crois qu'il vaut mieux encore aller dans le sens de la simplicité, du végétal, et rompre (si cela est possible… [ça l'est… si on s'en donne les moyens]) avec le techno-capitalisme.
Certains antispécistes vont plus loin encore et prônent le contrôle total de la nature par la technologie afin d'éviter toute souffrance inutile [à ce sujet, on peut citer David Olivier]. Là aussi, les intentions sont louables, mais les moyens de les réaliser restent marqués par une technolâtrie délétère [mais sa dénonciation est inutile si elle ne débouche pas sur de l'action pour en venir à bout et la construction d'une alternative souhaitable car mieux vaut ne pas partir de la prémisse explicite ou implicite que c'est le Mal et qu'il n'y a qu'à détruire].
Si l'antispécisme peut être inconfortable dans certaines situations, cet inconfort n'est rien par rapport à ce qu'on peut ressentir face aux horreurs du spécisme.
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- La vidéo a été saluée par Guillaume Meurice, qui a une influence non-négligeable (de là à supposer qu'elle est un pouvoir notable de transformation, ce serait autre chose, qui serait bien compliqué à évaluer sérieusement). On peut aussi noter (mais là les publics sont plus restreints) les recommandations de consultation de Florence Dellerie, Samuel Lepine et Philoxime.
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Samy Bounoua a fait des commentaires sur Twitter
(
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Le 25 septembre 2022, est publié
"Nous sommes spécistes. Justifions-le.",
en collaboration croisée avec son confrère
Philoxime
(qui de son côté a fait publier
"Zoopolis - Théorie politique des droits des animaux"),
sur PeerTube
(et sur l'ordinato-plateforme centralisée et privatrice
YouTube
du Big Brother capitaliste
Google).
Même si le sujet officiel est
le spécisme et
l'anti-spécisme,
il se concentre de fait (exclusivement ou quasiment)
sur le spécisme vis-à-vis de
l'exploitation pour la consommation de cadavres,
alors qu'il y a aussi la mise à mort
et pas juste aller contre les intérêts durant la vie,
mais aussi et pas anecdotiquement que
l'exploitation et la mise à mort est
loin d'être faite dans cette unique finalité
(il y a l'alimentation d'une manière plus générale,
l'habillement, le loisir, la santé, l'apparence, etc.)
qui certes représente une part concrète considérable
au moment où il a publié sa vidéo
(mais cela relève d'une approche phénoménologique
et non d'une réflexion sur le spécisme en tant que tel,
en tant que chose abstraite avec ses conséquences variées
quoi que phénoménologiquement différenciées
dans un espace donné et une époque donnée).
À la fin de sa vidéo, il évoque d'ailleurs un livre de
Michael Huemer
au titre pour le moins explicite :
"Dialogue entre un carnivore et un végétarien"
(traduction de "Dialogues on Ethical Vegetarianism"),
alors que le mode de vie d'un anti-spécisme n'est pas
le végétarisme
mais le véganisme
(qui n'implique même pas en pratique nécessairement
l'ovo-lacto-végétarisme
avec miel
et qui sur le seul plan des aliments implique idéalement
le végétalisme
qui est plus restrictif du point de vue
de la consommation et de la production)
ou plutôt c'est la position orthodoxe
(car on pourrait défendre une autre position
si le
autant que faire se peut
ne plait pas). - Le 3 octobre 2022, est publié "Sommes-nous spécistes ? (réponse à @Monsieur Phi)" par Penseur Sauvage sur l'ordinato-plateforme centralisée et privatrice YouTube du Big Brother capitaliste Google.
- Le 4 octobre 2022, est publiée la déclaration de Montréal sur l'exploitation animale par le Groupe de Recherche en Éthique Environnementale et Animale (affilié au Centre de Recherche en Éthique). Le 5 octobre 2022, sur l'ordinato-plateforme centralisée et privatrice Twitter, il affirme qu'on lui a proposé de la signer, mais qu'il a décliné, car ne se considérant pas être chercheur en philosophie morale et politique.
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Le 10 novembre 2022, est publié
"Le chat et la tique"
par Michaël Fœssel
pour le journal Libération.
Sur l'ordinato-plateforme privatrice et centralisée,
Twitter,
Monsieur Phi
commente ainsi le même jour :
C'est fascinant à quel point ce texte n'argumente rien, n'explique rien, n'exprime rien. C'est juste une succession de références qui font chic (Derrida, la Genèse, Deleuze) dans un style un peu edgy assorti de quelques sarcasmes, tout ça pour broder autour du vide.
Donner une pleine page à un philosophe dans un numéro spécial sur la question animale, et se satisfaire de ça ? Enfin bon. Je suppose que l'étiquette "philosophe" est juste un passe-droit qui autorise à écrire n'importe quoi (pourvu que ce soit assorti de quelques citations).